Boogscheut


Gisteren heb ik Etienne en Julie in de echt verbonden. Ze zijn respectievelijk 30 en 29 jaar oud. Beiden hebben reeds heel wat watertjes doorzwommen. Twee jaar geleden leerden ze mekaar kennen aan de andere kant van de wereld. In een klein Bretoens dorpje hebben ze mekaar het ja-woord gegeven.

Ze hebben er bewust voor gekozen om niet samen te wonen vóór hun huwelijk, ook al lagen hun appartementjes maar op een boogscheut van mekaar. Ze keken dan ook des te meer uit naar de grote dag, begin van een nieuw leven.

“Door niet samen te wonen is ons verlangen naar mekaar nog een stuk sterker geworden. We wilden ook dat onze keuze om met mekaar te huwen tot op het laatste ogenblik een volledig vrije keuze zou zijn”.

Julie en Etienne maken deel uit van een nieuwe generatie christenen. Ze komen uit katholieke gezinnen en kregen een dito opvoeding. Maar ze hebben zelf de keuze gemaakt, soms na lang zoeken, om als jongvolwassenen hun leven daadwerkelijk te enten op hun geloof in Jezus Christus.

Hieronder vindt u de tekst van de homilie van de viering.

Merci, chers Julie et Etienne, pour ces lectures fortes que vous nous avez choisies. Elles nous renvoient au fondement de notre foi et donc du mystère du mariage. Regardons-les de plus près.

1. Abraham entend l’appel de Dieu. Il est invité, avec sa femme Sarah, à tout quitter afin de commencer quelque chose de nouveau. Ensemble, ils vont se lancer dans une vie de pèlerins dans un monde plein d’inconnus. Pour le dire avec une expression bien connue dans littérature spirituelle contemporaine, « avec leur foi pour tout bagage ». Or, cela ne veut pas dire que Abraham et Sarah s’engagent à l’aveugle. Leur choix n’est pas arbitraire. A cinq reprises Dieu leur fait une promesse. Il leur promet une terre, une descendance et sa protection. En un mot, il leur promet la vie.

Dans la Bible Abraham et Sarah sont la première figure de l’alliance folle entre Dieu et sa créature chérie. Ils vont faire l’expérience que la fidélité de Dieu est sans faille. Parfois elle prendra une autre forme que ce qu’ils avaient espéré. Ce sera toujours bien meilleur. Souvent leur foi va être mis à l’épreuve. Parfois ils vont douter. Certains aspects de la promesse ne vont être réalisés qu’après leur mort. Mais leur fidélité va être récompensée, bien au-delà de leurs attentes.

Par l’alliance que vous allez conclure, Etienne et Julie, vous allez, à votre tour, entrer dans cette aventure millénaire d’amour et de fidélité. Le Seigneur Lui-même vous donnera la force pour cet engagement définitif. Pour plein de raisons cette alliance à vie peut paraître impossible. Votre foi vous donnera le désir et la force d’aller au-delà des peurs, des doutes et des déceptions.

L’engagement mutuel que vous allez prendre vous rendra libres et forts.

Or, c’est quoi l’amour ? Comment aimer ? Comment continuer d’aimer et d’aimer toujours plus ; quand la vie vous sourit tout aussi bien que lorsqu’il y a tempête ?

2. Dans la deuxième lecture nous avons entendu Saint Paul décrire aux Philippiens ce qu’on appelle la « kénose » du Christ : le mouvement d’abaissement du Fils qui se fait homme et qui va jusqu’à l’extrême dans sa descente dans l’humanité. Un mot central dans ces versets est celui de l’humilité du Christ.

Ce n’est pas là une vertu très en vogue. Elle ne l’a jamais été. Ce que nous souhaitons spontanément c’est la force, l’honneur, la dignité personnels, l’autonomie … Et c’est normal, car il s’agit là de choses bonnes. Or, c’est bien par le mot d’humilité que Paul résume l’attitude du Christ. Que peut bien nous apprendre ce renversement de valeurs qu’opère le Christ lorsque nous cherchons à comprendre ce qu’aimer veut dire ?

Je voudrais évoquer deux aspects de cette humilité du Christ.

a. L’amour du Christ est un amour qui se met résolument au service de l’autre. Quand Saint Jean relate le lavement des pieds il qualifie cet acte du Christ comme l’aboutissement de la révélation de l’amour. Chers Etienne et Julie, l’amour du Christ que vous désirez mettre au cœur de votre couple, vous invite à vous donner l’un à l’autre à tel point que vous soyez prêts à vous effacer l’un pour l’autre. Non pas d’abord par devoir moral. Mais bien par désir d’amour. Gagner sa vie, c’est donner sa vie par amour. Même si parfois vous pourrez avoir l’impression de perdre votre vie.

 Etienne, aimer Julie, t’invite à placer toujours plus le bonheur de Julie en premier. Parce que ton bonheur sera dorénavant d’abord le bonheur de Julie.

 Julie, aimer Etienne, t’invite à placer toujours plus le bonheur d’Etienne en premier. Parce que ton bonheur sera dorénavant d’abord le bonheur d’Etienne.

b. L’humilité à laquelle le Christ nous invite a aussi un autre versant. Une chose est de donner de l’amour. Autre chose est d’accueillir l’amour ; d’accepter que l’autre m’aime. Non pas parce que je suis beau ou intelligent ou fort. Non pas parce que je mérite cet amour en récompense pour tout ce que moi j’ai donné. Mais tout simplement pour ce que je suis : un homme ou une femme vulnérable, voire blessé ; qui aspire à être aimé pour ce qu’il est ; qui espère l’amour gratuit qu’est le pardon ; qui ne peut vivre que grâce à l’amour de l’autre.

Accueillir cet amour désintéressé que nous apprend le Christ nous invite à nous reconnaître pauvre en amour, demande d’admettre que j’ai besoin de l’autre, que je ne me suffis pas à moi-même. La personne humble sait qu’en dernier ressort elle n’a rien qui lui appartient en propre. N’ayez donc pas peur de vous reconnaître pauvre l’un devant l’autre. Non, cette confession n’est pas de l’ordre de la défaite. Au contraire. Elle vous permettra de vous aimer toujours plus.

Chers Julie et Etienne, vous commencez la plus belle aventure qui existe.

3. C’est bien ce que nous dit ce magnifique récit d’apparition que vous avez choisie comme lecture d’Evangile : l’apparition de Jésus à Marie de Magdala. Je voudrais, pour finir, en relever trois petits points.

a. Le Christ prend Lui-même l’initiative pour aller vers cette femme. Comme dans tous les récits où le Ressuscité intervient, c’est Lui qui fait le premier pas. C’est l’homme qui a été lâché par les siens, qui vient à leur rencontre pour les consoler et les remettre sur un chemin de vie. Le Christ vient vers nous, Il viendra, jour après jour, à votre rencontre, Il vous appellera par votre nom, Il vous offrira son pardon, à sa propre initiative. Il vous invite à faire de même, jour après jour.

b. Quel est le chemin vers la vie que le Christ va faire découvrir à Marie de Magdala ? « Femme, que cherches-tu ? » Femme, qu’est-ce qui te meut au plus profond de toi-même, au-delà de tes blessures et de tes peurs ? Chers Etienne et Julie, la condition première pour participer à la vie du Christ c’est de greffer vos choix sur l’élan de vie caché au plus profond de vous-mêmes. Soyez donc vigilants, et aidez-vous, l’un l’autre, afin d’être toujours plus un homme et une femme de désir. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! »

c. Enfin, le Christ libère Marie d’un enferment sur soi. Elle tourne littéralement en rond. Elle risque de se noyer dans le passé et dans son chagrin. Jésus va la sauver en la resituant dans le présent et en l’envoyant vers les autres. Tous les deux, Etienne et Julie, vous m’avez dit que vous sentez que le moment est arrivé de vous engager et d’assumer vos responsabilités. L’un envers l’autre, pour commencer. Envers les enfants que vous aimeriez avoir. Et plus largement, envers la société.

Partez. Allez-y. Prenez le large. N’ayez pas peur. N’ayez jamais peur. Croyez plutôt, espérez. Plus est en vous. C’est le Seigneur Lui-même qui est en vous. Revenez-nous voir, de temps à autre. Et si vous êtes loin, passez-nous un coup de skype. Partout où vous irez, emmenez votre foi comme boussole. La foi et la confiance de l’un en l’autre. La foi que le Seigneur vous précède et marchera avec vous, tout au long de votre vie.

Que Dieu vous garde ét vous bénisse.

Reacties

Anoniem zei…
De onovertrefbare aanwezigheid van de Verrezene weerklinkt in je homilie.

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